mathieulabrouche

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L'HUMOUR DU MEDIATEUR...

Impératif numéro 1, à enseigner dans toute bonne école : conserver le sens de l'humour en toutes circonstances, lorsque l'on tient en mains les « destinées » d'une salle de cinéma.

 

Le sens de l'humour, toujours...

 

Pourquoi ?

Certes non, les genres cinématographiques ne se résument pas aux seules comédie.

Certes non, le plaisir d'un public ne repose pas sur ses seules exclamations d 'hilarité. (Chacun, régulièrement, se trouvant heureux d'être malheureux face au film.)

 

Il s'agit encore moins de savoir raconter à tout spectateur se présentant au guichet la dernière blague à la mode entendue chez Ruquier, ou le dernier dessin « trop drôle » vu sur Facebook.

 

Non, aucune sommation à la drôlerie n'est requise.

 

La conservation du sens de l'humour est tout simplement l'impératif peu glorieux mais nécessaire d'une bonne préservation de soi-même par la mise à distance des choses.

 

Se souvenir d'abord que si le cinéma n'existait pas, la planète tournerait tout pareil. Le monde avancerait. Sans doute moins bien, mais il avancerait.

 

Ensuite, et surtout, prendre acte, accepter la globale impuissance du « médiateur culturel », du « passeur », face à la masse. Le passeur, qui sitôt l'attention (la sienne ou celle du public) ramollie, trépasse plus qu'il ne passe.

 

Le programmateur culturel survit dans son monde de prototype, où toute offre précède toute demande (en dépit des stratégies d'anticipation et des tentatives de formatages multiples des films « produits », et parfois des lieux qui les diffusent... ). Il navigue dans la poésie de ses incertitudes, devant un ouvrage sans cesse à reprendre.

 

 

Ne point s'agacer... « Vite, sens de l'humour, reviens-moi », implore le médiateur au moindre signal négatif.
Ne point s'agacer devant cette grande majorité de spectateurs se précipitant sur une petite minorité de films. Ils ont leurs raisons pour cela. La première, très belle, étant la quête de référents communs. Toute raison est par définition respectable. Donc : ne jamais sombrer dans le mepris. Jamais. (« Vite, sens de l'humour, reviens !»).

 

En conséquence, ne point se déséspérer de voir deux des plus beaux et puissants films français de ces dernières années, OMBLINE de Stéphane Cazes et LES CHANTS DE MANDRIN, de Rabah Ameur-Zaïmche, peiner à atteindre les 20 000 entrées France au total. (« Reviens, sens de l'humour !») .

 



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Les chants de Mandrin.jpg

Se rassurer, se rappeler que le public est maître, que son choix est souverain, et que cela reste dans l'absolu la meilleure nouvelle qui soit...

 

Mais le médiateur se souhaiterait parfois prescripteur, c'est sa qualité, c'est son défaut.

Il vit dans un perpétuel état d'urgence. Celui de tout un chacun apprenant une grande nouvelle, et qui ne recherche qu'une chose : en faire part. Cet état de conscience peu reposant est le quotidien du médiateur inviesti. L'humour est son remède.

 

Il se voudrait prescripteur... Las... il n'est tout au plus qu'indicateur, satisfait lorsque quelques spectateurs daignent porter attention à ce qu'il leur désigne. Et comblé lorsqu'ils l'en remercient.

Comblé comme nous le fûmes , aux lumières de Vitrolles, devant notre salle pleine et chavirée, à l'issue des projections de...  OMBLINE et LES CHANTS DE MANDRIN.

Instants de graces, en présence des réalisateurs, vécus lors des deux dernières éditions de notre Festival Polar en Lumières.

 

 

 

Ombline 2.jpg

 

 

 

Sensation d'avoir été, le temps d'une séance, des voleurs de temps, des chasseurs d'évidence, au grand profit de la rencontre et de la découverte.

 

 

Programmateur culturel est un métier de voleur, un métier de contrebandier... qui a de l'humour. 

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28/09/2013
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